Pierre de Marbeuf - Sonnet publié dans Recueil des vers 1628

Et la mer et l’amour on l’amer pour partage

Et la mer est amère, et l’amour est amer.

L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,

Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

 

Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage.

Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,

Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

 

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau

Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

 

Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

 

Pierre de Marbeuf,

Sonnet publié dans Recueil des vers 1628

 

 

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