Rousseau à Voltaire - Correspondance


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Rousseau à Voltaire

De la brouille à la haine

 

Je ne vous aime point, Monsieur (…) c’est vous qui me rendez le séjour de mon pays insupportable ; c’est vous qui me ferez mourir en terre étrangère, privé de toutes les consolations des mourants, et jeté pour tout honneur dans une voirie, tandis que tous les honneurs qu’un homme peut attendre vous accompagneront dans mon pays. Je vous hais, enfin, puisque vous l’avez voulu ; mais je vous hais en homme plus digne de vous aimer si vous l’aviez voulu.

Rousseau à Voltaire, le 17 juin 1760

 

Je voudrais que Rousseau ne fût pas tout à fait fou, mais il l’est. Il m’a écrit une lettre pour laquelle il faut le baigner et lui donner des bouillons rafraîchissant

Voltaire, prenant à témoin d’Alembert

 

 


Longtemps, Jean-Jacques Rousseau a admiré Voltaire. Pourtant, leur pensée différait.

Le premier croit aux vertus et à l’authenticité de la nature ; le second en la civilisation. Le premier soutient le partage ; le second défend la propriété. Les deux hommes en débattent courtoisement…

Jusqu’à cette année 1756 et le tremblement de terre meurtrier de Lisbonne. Voltaire compose son Poème sur le désastre de Lisbonne, dans lequel il rejette la croyance en la Providence. Rousseau, destinataire de ces vers, conteste le raisonnement de son aîné.

Leur désaccord idéologique va aller crescendo. Lorsque Rousseau dénonce le théâtre, trop amoral à son goût, souhaitant même son interdiction, Voltaire, qui vient de s’en faire bâtir un à Genève, la ville natale de son détracteur, ne peut que se sentir visé !

L’attaque est d’autant plus mal choisie que les philosophes sont, à cette époque, montrés du doigt, car jugés corrompus.

Dès lors, Voltaire considérera Rousseau comme un traître. En 1764, ce dernier persiste et signe en dénonçant son ancien modèle comme l’auteur du Sermon des cinquante, une charge très violente contre la religion chrétienne. Voltaire ne décolère pas et riposte en révélant un fait caché de la vie privée de celui qu’il décrit comme ce « polisson malfaisant » et « petit singe ingrat » : l’abandon de ses enfants à la porte d’un hôpital.

Disparus à un peu plus d’un mois d’intervalle, en 1778, les deux philosophes (qui ne se sont croisés qu’une seule fois dans leur vie) reposent aujourd’hui à quelques mètres l’un de l’autre, sous la coupole du Panthéon.

En paix ?

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