Nicole Avril - Brune
RESUME -
Je
l’imagine. Brune comme une héroïne romantique. Ardente et intense.
Flora Tristan. Sa rencontre a marqué ma vie. Son histoire dans
l’Histoire est un roman.
Née à Paris en 1803, de mère française et de père péruvien, elle
s’embarque – seule femme à bord, quatre mois en mer et le cap Horn en
prime – pour faire valoir ses droits auprès de sa riche famille
paternelle qui l’a abandonnée.
Au Pérou, elle découvre la passion, la
violence et l’esclavage.
Autodidacte, elle écrit à son retour
"Pérégrinations d’une paria".
Jaloux de son succès, son mari lui tire
une balle dans le dos, qui restera fichée à deux doigts de son cœur.
Prophète et amoureuse, cette aventurière de l’absolu a inventé son
destin.
Flora Tristan est la première femme à lire dans la révolution
industrielle anglaise l’avenir de la France.
La première à établir un
lien entre socialisme et féminisme. La première à entreprendre un
épuisant tour de France pour unir la classe ouvrière et libérer les
femmes.
Elle n’est pas notre contemporaine. Flora Tristan nous devance.
Son mariage, pour le pire et… le pire
Ce monsieur, nommé André Chazal lithographe de métier, est un personnage jaloux, peu brillant et violent.
La jeune femme écrira : « à cette union je dois tous mes maux. » après avoir supporté coups et humiliation pendant quatre ans, elle parvient à s’enfuir avec ses enfants (trois sont nés, deux seulement survivront).
En 1838, elle obtient « la séparation de corps », le divorce étant interdit par la loi !
Mais c’est sans compter sur la haine que lui voue cet époux délaissé, surtout après qu’elle est devenue un auteur reconnu.
Non seulement il enlève leur fille Aline (qui deviendra à l’âge adulte la mère du peintre Paul Gauguin), mais il lui tire une balle dans le dos – celle-ci restera fichée à deux doigts du cœur.
Après un procès retentissant et rarissime pour cette époque, le criminel sera condamné aux travaux forcés.
Pour l’émancipation des femmes du monde entier
Si avant elle, Olympe de Gouges s’est engagée pour l’émancipation des femmes – elle a laissé sa tête sur l’échafaud en 1793 -, « Flora Tristan est la première à avoir fait le lien entre le féminisme et le socialisme », sa formule est restée célèbre : « L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme ; elle est la prolétaire du prolétaire même ».Flora Tristan sait de quoi elle parle : elle débute en tant qu’ouvrière coloriste dans les ateliers de son futur époux. Là comme ailleurs, une ouvrière est payée moitié moins que son homologue masculin. Plus largement, la féministe dénonce le raisonnement de l’époque estimant que les femmes sont de « gentilles poupées », décrites comme manquant de force, d’intelligence, et donc incompétentes aux travaux sérieux et utiles. D’où l’impudence d’une éducation « capable d’en faire des membres utiles de la société ».
Sa pensée avant-gardiste l’est à plus d’un titre puisqu’elle la souhaite universelle. « Elle n’a jamais considéré que ce qui était valable pour les Française ne le serait pas pour d’autres, ailleurs ».
Flora Tristan demeure toutefois optimiste, persuadée que son combat n’aurait plus de sens avant la fin de son siècle. Elle pensait ainsi que l’égalité entre les hommes et les femmes serait alors acquise.
Une paria désobéissante
« Ma mère est française : pendant l’émigration elle épousa en Espagne un Péruvien ; des obstacles s’opposant à leur union, ils se marièrent clandestinement, et ce fut un prêtre émigré qui fit la cérémonie du mariage dans la maison qu’occupait ma mère. J’avais 4 ans lorsque je perdis mon père à Paris. »Ainsi se présente-t-elle dans son autobiographie, "Pérégrinations d’une paria", publiée en 1838 à son retour du Pérou, où elle était partie se faire reconnaître de sa riche famille paternelle. Mais voilà, le mariage de ses parents n’a jamais été régularisé. Et l’oncle Don Pia ne se résoudra jamais à lui donner sa part d’héritage.
Elle pensa l’union ouvrière
Cette femme sait aussi que toute lutte ne peut aboutir sans un projet. « Elle ne prône pas la révolte pour la révolte », mais pour les gens qui s’unissent.
C’est à cette fin que Flora Tristan part sur les routes de France en 1843, à la manière des apprentis compagnons. Elle rencontre des gens simples, prend la parole devant des ouvriers, hommes et femmes. A bout de force, elle s’arrête à Bordeaux et y meurt à 41 ans.
Quatre ans après, en 1848, des ouvriers uniront leur pécule pour lui ériger un tombeau, encore visible au cimetière bordelais de la Chartreuse. (Source F.Actuelle)
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