Victoria Mas - Le bal des folles


Le bal des folles par Mas

 
"Depuis l'arrivée de Charcot à la Salpêtrière, on dit que seules les véritables hystériques y sont internées. Mais "le doute subsiste..."


Chaque année, à la mi-carême, se tient, à la Salpêtrière, le très mondain Bal des folles. 

Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. 
Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal "costumé et dansant" n'est rien d'autre qu'une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l'exposition des fous.

Dans ce livre terrible, puissant, écrit au scalpel, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d'une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. 
Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au service du célèbre neurologue ; Louise, une jeune fille "abusée" par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand coeur qui a eu le tort de jeter son souteneur dans la Seine ; Eugénie Cléry enfin qui, parce qu'elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu'il est appeler une prison.

Un hymne à la liberté pour toutes les femmes que le XIXème siècle a essayé de contraindre au silence.


 

Mon Avis -  😀 💙

Elles sont touchantes, toutes ces femmes dont le portrait est brossé par Victoria Mas. 

Que de violence dans cette société du XIXème siècle, à l'égard des femmes. Eugénie Clery, jeune fille bourgeoise, éprise de liberté, a un don, elle voit et entend les morts. 
Elle se confie à sa grand-mère, quelle erreur !! 
En quelques heures, Eugénie est rayée de la vie de sa famille et jetée aux oubliettes sans que plus personne ne se préoccupe de son sort, ou de la façon dont elle sera traitée. 


"Le père Cléry tend les papiers signés à Geneviève. Elle jette un coup d'œil aux documents, puis regarde l'homme.
- Puis-je vous poser une question?
- Je vous en prie.
- Pourquoi faire interner votre fille, si vous n'attendez pas qu'elle soit soignée. Nous ne sommes pas une prison. Nous œuvrons à guérir nos patientes.
...
- On ne converse pas avec les morts sans que le diable y soit pour quelque chose. Je ne veux pas de cela dans ma maison. À mes yeux, ma fille n'existe plus". 

Impossible pour ces femmes de penser par elles-même, d'être différentes de ce que l'on attend d'elles, ou pire, encore, émettre un avis est une hérésie. 
Nombre d'entre elles, ont été victimes de ces hommes qui, à l'époque, avaient tous les pouvoirs.
Prenez conscience, Mesdames, des progrès accomplis...


Citations -

La maladie déshumanise ; elle fait de ces femmes des marionnettes à la merci de symptômes grotesques, des poupées molles entre les mains de médecins qui les manipulent et les examinent sous tous les plis de leur peau, des bêtes curieuses qui ne suscitent qu’un intérêt clinique. 
Les compresseurs ovariens parvenaient à calmer les crises d’hystérie ; l’introduction d’un fer chaud dans le vagin et l’utérus réduisait les symptômes cliniques ; les psychotropes – nitrite d’amyle, éther, chloroforme – calmaient les nerfs des filles.


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